L’histoire du tissage remonte à des temps très reculés : on a retrouvé quantité d’objets qui étaient des instruments de tissage provenant de tous âges et tous pays. L’homme commença à tisser en entrelaçant des roseaux, des brindilles, des joncs. Puis il découvrit les fibres végétales et les poils d’animaux et s’en fabriqua des étoffes grossières. Enfin il inventa le fuseau pour obtenir un fil continu, puis le métier à tisser comme appareil fixe pour attacher ces fils.

 

Les métiers varient plus selon les régions qu’au travers des siècles. Le tisserand travaille sur un outil qui correspond à son mode de vie, à ses besoins. Ainsi, avec un métier très rudimentaire, la femme péruvienne peut travailler n’importe où, seule, assise parterre avec un piquet ou une pierre pour tendre sa chaîne. En Égypte, on utilise des métiers horizontaux. Dans les pays nordiques, ceux-ci se relèvent et s’appuient contre le mur : ces métiers verticaux se retrouvent chez les Celtes et les Vikings. En Afrique, le tisserand construit un grand métier avec des poulies et des pédales pour faciliter son travail.

Le métier « à la fosse », utilisé au Moyen Age en Europe, se rencontrait il n’y a pas si longtemps en Orient : le tisserand descendait dans un trou, reliait les fils de chaîne à ses pieds ; en enfonçant un pied, il faisait glisser un fil de trame entre deux nappes de chaîne. On retrouve encore ces techniques primitives aujourd’hui dans certaines contrées d’Amérique Latine, d’Orient ou d’Afrique.

 

 

L’origine du tissage remonte à des millénaires

Nous pouvons encore aujourd’hui admirer des tissus d’une finesse extraordinaire, tissés durant l’Antiquité. Les Chinois et les Orientaux excellaient tout particulièrement dans cet art. En Perse, sous l’influence de la dynastie sassanide, vers le VIIe siècle après J.-C., les tisserands créèrent de merveilleux tissus aux dessins très compliqués. Leur influence se fit sentir dans de nombreux pays et pendant tout le Moyen Age en Europe. Les Égyptiens, gens de luxe, avaient le goût des étoffes raffinées, ils tissaient surtout le lin : la laine fut longtemps considérée comme impure dans ce pays. Plus tard, les Coptes, premiers chrétiens égyptiens tissèrent de très belles tapisseries représentant des scènes de la vie quotidienne. Byzance fut aussi un très haut lieu de tissage : les tisserands disposaient de soie en grande quantité et tissaient des étoffes d’une grande richesse que l’on plaçait dans les églises.

Pendants ce temps, nos pays européens n’étaient pas très avancés dans la technique du tissage. Les Gaulois avaient de nombreux ateliers de tissage mais les invasions barbares mirent fin à leur expansion. Puis, à la faveur des Croisades, des milliers de gens découvrirent des étoffes d’un luxe inouï. Dès cette époque, on chercha à améliorer la qualité des métiers à tisser, leur rendement. Les tisserands de laine et de lin copièrent les techniques plus subtiles des tisserands de soie. On découvrit ensuite le métier de grande largeur ainsi que les diversifications des points de tissage. On fabriqua des chemises de fine toile, des nappes damassées, de très belle étoffes de soie, du satin…

Les tisserands lyonnais, encouragés par Henri IV surpassèrent tous les tisserands de soie de France, grâce à leur technique et à leurs secrets de teinture.

C’est au XVIIIe siècle que l’évolution fut plus nette, surtout en Angleterre où l’on perfectionna beaucoup les machines. A la fin de ce siècle, c’est un Anglais qui eut l’idée de rendre le métier à tisser automatique (en 1820, on en comptait 12 000).

Mais n’oublions pas notre célèbre et légendaire Jacquard et son invention géniale qui suscita de vives réactions de son vivant et ne lui profita guère. C’est pourtant bien l’utilisation de la mécanique Jacquard qui permit en partie à Lyon de sortir de la crise économique de l’époque.

La mécanisation des fabriques porta un coup fatal au tissage, toutes les manufactures de France furent progressivement remplacées par l’usine.

 

 

Tipi en coton sauvage teint

En Équateur, dans la forêt vierge, les indiennes Colorados tissent le coton sauvage qu’elles ont teint.

En Bolivie, les femmes Chipayas tissent leurs vêtements sur un métier rudimentaire à même le sol..

Vêtement tissé sur métier à même le sol
Métier très archaïque sur lequel tissent les femmes

 Au Laos, c’est sur un métier très archaïque que tissent les femmes.

Métier rudimentaire, chaines tendues sur l'arbre

Au Mexique, les femmes peuvent travailler n’importe où grâce à un métier très rudimentaire. Assises parterre, elles tendent leur chaîne directement sur un arbre.

Au Sénégal, ce sont les hommes qui tissent par bandes sur des longueurs étroites qui peuvent atteindre de 10 à 15 mètres de longueur.

Hommes qui tissent par bandes de 10 à 15 mètres de longueur

Comment fonctionne un métier à tisser ?

Que l’on tisse sur un métier rudimentaire, simplifié ou élaboré, le but recherché est l’entrecroisement de fils longitudinaux et de fils transversaux. Ce qui rend différent un rideau d’un tapis, une tenture d’un tissu, c’est l’épaisseur de ces fils, leur tassement, et ordre de leur entrecroisement.

 

Rentrons un peu dans les détails : un métier traditionnel se compose de parties fixes, c’est le bâti ou la carcasse et de parties mobiles qui sont les véritables organes du métier.

 

Quel que soit le tissage choisi, il faut connaître trois points :

 

– La tension des fils de chaîne (fils longitudinaux). La chaîne est soutenue à l’avant et à l’arrière du métier par deux traverses fixes, les poitrinières qui permettent à la chaîne de conserver une trajectoire horizontale. Les fils de chaîne sont tendus à l’avant et à l’arrière du métier par deux rouleaux que l’on appelle ensouples : l’ensouple arrière stocke les fils de chaîne, l’ensouple avant, le tissu. L’ensouple arrière doit être aussi grosse que possible et blocable, l’ensouple avant sera plus petite pour enrouler le tissu, blocable également. L’action de monter la chaîne s’appelle ourdissage.

 

– La séparation des fils de chaîne en deux nappes (pour permettre le passage des fils de trame et un entrecroisement régulier avec les fils de chaîne). On les sépare en deux groupes : pairs et impairs. Pour lever d’un seul mouvement une nappe entière de fils, on peut utiliser un peigne d’encroix ou des cadres :

– Le peigne d’encroix se compose de lamelles plates percées d’un trou central : les fils impairs passent dans les trous, les fils pairs entre les lamelles.

– Les cadres ou lames, portent des lisses, c’est-à-dire des tiges en métal ou en coton. Ces lisses sont égales au nombre des fils de chaîne. Le nombre de lames varie en fonction de la complexité des motifs. Le mouvement des lames est commandé par des manettes pour les métiers de table, ou par des pédales. C’est le mouvement du peigne d’encroix ou des lames qui permet l’ouverture des fils en deux nappes : cet espace obtenu s’appelle la foule.

 

– Le passage des trames et tassement régulier de ces fils les uns contre les autres, afin de former une étoffe plus ou moins serrée. C’est dans la foule que l’on passe le fil de trame, à l’aide d’une navette, d’un lance-navette ou d’un fouet. Ensuite ce fil est tassé par un peigne dont le nombre de dents nécessaire est déterminé par le nombre de fils de chaîne. Ce peigne est en général enchâssé dans un cadre de bois que l’on nomme battant.

 

Cette description sommaire est valable pour la majorité des métiers à tisser. Mais, chaque métier possède ses particularités, ses raffinements, ses perfectionnements ou ses simplifications.

 

 

Le tissage aux cartes est une technique de création textile très ancienne qui existe depuis l’Antiquité.

C’est une méthode ingénieuse qui permet d’obtenir d’étroites bandes de tissus, des ceintures, des anses.

J’étends les fils de chaîne sur mon métier à tisser mais ils ne sont pas séparés par un système de lices, mais grâce à des cartes carrées percées d’un trou à chaque coin, placées l’une contre l’autre un peu comme dans un jeu de cartes. La couleur et le nombre des fils, leur ordre d’enfilage dans les cartes, et le sens dans lequel on tourne celles-ci créent ainsi des motifs plus ou moins complexes. La rotation des cartes fait s’enrouler les fils de chaîne les uns autour des autres. Le fil de trame qui passe entre la chaîne chaque fois que je tourne les cartes ne se voit pas.